Au Vatican, le pape François met fin aux avantages immobiliers des cardinaux, qui devront désormais payer leur loyer.

Adieu les grands appartements au coeur de Rome loués gratis – ou quasiment. Désormais les biens du Saint-Siège s’aligneront sur le marché et ceux qui les occupent mettront la main à la poche, comme tout le monde. La mesure concerne la vingtaine de cardinaux qui travaillent en Italie, mais aussi les ministres du pape et les différents hauts responsables des dicastères.

On ne touche pas aux contrats en cours bien sûr, la règle s’appliquera uniquement au moment du renouvellement du bail. Le texte, signé le 13 février du préfet du secrétariat pour l’Économie Maximino Caballero Ledo, a été rendu public par les médias officiels du Vatican mercredi 1er mars. Ceux qui seraient tentés de négocier une exception sont prévenus, c’est le souverain pontife lui-même qui validera ou pas. La bonne nouvelle, c’est que Rome reste l’une des capitales européennes les moins chères en termes d’immobilier.

L’immobilier, secteur où il y a encore du gras

Si l’Église veut continuer à aider les plus pauvres, elle doit impérativement se serrer la ceinture. 33 millions d’euros de déficit prévus sur le budget 2022 : les finances du Vatican sont dans le rouge, aussi rouges que la soutane des cardinaux.

Pas de chance, d’ailleurs c’est toujours sur eux que ça tombe. Il y a deux ans, ils ont déjà du encaisser sans broncher une baisse de salaire de 10%. Pour augmenter les recettes, l’immobilier reste « le » secteur où il y a encore un peu de gras. De Londres à Genève en passant par Paris, le Saint-Siège possède environ 5 000 immeubles ou propriétés. Tous les ans il en vend quelques-uns.

Cette mesure inédite et symbolique sur les loyers lui permet à la fois de mettre fin à certains privilèges, au clientélisme, et de contribuer à renflouer les caisses. Le pape (qui lui-même a fait le choix de vivre dans un modeste 70 m2), prône une forme d’exemplarité en matière de train de vie et d’économie. En 2014, une polémique sur la taille de l’appartement de l’ancien secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Tarcisio Bertone, ainsi que sur les frais de rénovation de son logement, l’avait particulièrement mis en colère.

Le Vatican n’est pas une entreprise

Mettre de l’ordre dans les finances, c’est aussi l’un des combats de François, qu’il mène depuis le premier jour de son élection, le 13 mars 2013 – bientôt dix ans. À la suite d’une série d’énormes scandales à la banque du Vatican, il a créé un nouveau ministère des Finances, fait appel à un auditeur externe. L’an dernier il a diminué le budget de certains dicastères de 20 ou 30%, imposé une nouvelle politique d’investissements « éthiques » et « durables », qui prévoit la fermeture des comptes à l’étranger.

Sa priorité est aussi de renforcer la transparence des comptes de l’Église. Officiellement, bien sûr, tout le monde s’en félicite.

 

FranceInfo

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