AL-BOURI NDIAYE ET CHEIKH AHMADOU BAMBA

AL-BOURI NDIAYE ET CHEIKH AHMADOU BAMBA

Le roi du Djolof Al-Bouri Ndiaye avait signé un traité de protectorat avec les Français, mais il suscitait des doutes des autorités françaises depuis qu’il avait accordé l’asile à Lat Dior. Après l’annexion du Cayor et la mort de Lat Dior, les Français complotèrent pour chasser le détenteur du trône.

– Wâlo (territoire français où Al-Bouri était en conflit avec son chef Yamâr-MBôdj depuis son attaque sur Boudi menée en compagnie de lat-Dior).

– Cayor (où Al-Bouri était en conflit avec Demba-Wâr Sall depuis la bataille de Guilé contre Damel Samba-Lawbé Fall).

– Baol (où Al-Bouri était en conflit avec Thié-yacine Dior-Gallo-Gana depuis la bataille de Sambey où al-Bouri tua son général Ma-Isseu Tabara Maram Fall et où Lat-Dior chassa du baol Thié-yacine pour devenir damel-teigne).

– Saloum (où Al-Bouri était en conflit avec Guédel MBôdj depuis la bataille de Naouwdour en 1887 où Al-Bouri, venu secourir son cousin Saër Maty BÂ, vainquit Guédel MBôdj avant de lui confisquer ses tambours royaux (Jung-Jung) de Kahône…

– Des Peul du Djolof avaient pillé des Maures du NDiambour en 1890 et Albouri refusait de rendre le bétail pillé aux Maures.

Seul le Fouta-Bosséa de Abdoul-Bôkar KANE, en conflit avec la France, lui était favorable du côyé de ses frontières Nord-Est à la sortie du désert du Ferlo (les autres parties du Fouta, limitrophes du Djolof, comme le Dimar et le Tôro, étant déjà rattachées à la Colonie française du Sénégal au même titre que le Wâlo…

Al-Bouri ne se sentait pas en position de force pour soutenir une invasion française alliée à tous les chefs voisins du Djolof, au risque d’assister à la destruction totale du Djolof. Trahi par les membres de sa famille et certains de ses lieutenants, Al-Bouri devait livrer une bataille désespérée ou s’exiler.

Plutôt que de mourir pour l’honneur militaire et la gloire mondaine, Al-Bouri, en bon musulman, préférait donner un sens religieux à sa mort pouvant lui assurer le Paradis plutôt que l’Enfer. Le Bourba Djolof choisit ainsi la Djihâd avec comme guide un Imam pour le sanctifier dans son effort de combat.

Al-Bouri partit voir Cheikh Ahmadou Bamba pour lui proposer d’être l’imam de son Armée de Djihad ce que ce dernier refusa. Il fut hébergé avec sa suite le temps nécessaire pour prendre sa décision. Al-Bouri insista pour que le cheikh déclarât la lutte ouverte contre la colonisation.

Cheikh Ahmadou Bamba répéta à son hôte les mêmes paroles qu’il avait dit à lat Dior. Finalement, Al-Bouri se rangea aux arguments du cheikh, mais choisit l’exil afin de renouveler ses forces en attendant dans découdre avec les Français.

Cheikh Ahmadou Bamba lui dit de partir vers le nord pour rejoindre Ahmadou Cheikhou TALL qui pratiquait cette forme de Djihad, à l’instar de son père El Hadji Omar Foutiyou TALL. Al-Bouri Ndiaye fait ses adieux au Cheikh et sollicita ses prières. Il demanda au Cheikh d’intervenir pour lui le jour de l’intercession et de prier Allah, pour qu’il ne soit jamais captif des Français et de l’honorer par le martyre.

Al-Bouri devait livrer des batailles glorieuses contre les colons et son courage assura aux troupes musulmanes des victoires inattendues, comme à la bataille de Colomina. Mais en 1893, les Français lancèrent des offensives décisives pour achever la conquête de l’Afrique de l’Ouest. Al-Bouri devait trouver le martyre près de Dogou-Doutchi au Niger, après une résistance héroïque.

Ainsi, s’acheva la page glorieuse de la résistance ouest africaine. La France devait d’ores et déjà harmoniser les structures de l’administration coloniale tout en veillant à étouffer toute velléité de rebellion. Telles furent les circonstances historiques durant lesquelles la cité bénie de Touba, fondée en 1883, prit le relais de la résistance contre le colonialisme, avec de nouvelles méthodes pacifiques et spirituelles.

SOURCES
CHEIKH AHMADOU BAMBA JOYAU DE LA SAINTETÉ PAGE 30-31 PAR ABDALLAH FAHMI & Un document qui a été Transmi par Al Boury Coumba-Diouf NDIAYE, fils du Lieutenant Coumba Bigué-NGôné , en 1993 a son neveu le Professeur Methiour Ndiaye

PAGE MANSOUR BOUNA NDIAYE

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